Covid-19 : Que sait-on sur la contagiosité des personnes vaccinées ?
Avant d’écouter la rumeur ou de lire des fake-news , je vous invite à lire cet article très intéressant (selon la revue 20 Minutes).
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Les études et les preuves en vie réelle s’accumulent pour confirmer que la contagiosité des personnes vaccinées baisse énormément
Se vacciner rime aujourd’hui avec une protection individuelle contre des formes graves du Covid-19. Mais est-ce un geste citoyen, pour éviter de transmettre le coronavirus à ses proches, à ses collègues, à des inconnus dans le métro, et bientôt en terrasse ?
Longtemps, des doutes ont entouré le risque, pour les personnes vaccinées avec Pfizer, Moderna et AstraZeneca, d’être infectées et surtout contagieuses. Mais les données s’accumulent et sont très rassurantes sur ce sujet.
Pourquoi voit-on des tests PCR positifs après vaccination ?
La presse se fait l’écho de personnes vaccinées qui présentent un test positif au Covid-19 après une ou deux doses. Preuve que ces vaccins ne protègent pas des contaminations ? « La vaccination ne peut pas entraîner de tests nasopharyngés positifs, que ce soit par antigène ou par PCR, rassure Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat (AP-HP) et chercheur pour l’Inserm. Cependant, dans les quinze jours suivant l’injection, la vaccination n’est pas encore effective et on peut se contaminer comme les personnes non vaccinées. C’est pourquoi on voit régulièrement des cas de Covid-19 chez des patients qui n’ont pas eu le temps de développer leur protection après la vaccination. »
« Dans l’Histoire de la médecine, on trouve très peu de vaccins qui ne protègent pas des contaminations »
Ces cas sont à relativiser. Pendant la phase 3 des essais cliniques, ni Pfizer, ni Moderna ne se sont intéressés aux éventuelles contaminations asymptomatiques post-vaccination. « On était dans le rush. L’important, c’était de savoir si le vaccin protégeait de la maladie grave, rappelle Sandrine Sarrazin, chercheuse à l’Inserm au centre d’immunologie de Marseille-Luminy. Donc on a regardé, parmi les gens inclus dans l’essai clinique, combien ont déclaré des symptômes. » Pour recueillir des informations précises sur d’éventuelles infections asymptomatiques, il aurait fallu que les 40.000 volontaires soient testés toutes les semaines par PCR.
« Dès le départ, on avait de bonnes indications pour dire que les vaccins protégeaient des contaminations, nuance Sandrine Sarrazin. Dans l’Histoire de la médecine, on en trouve très peu qui ne protègent pas des contaminations. Il n’y avait pas de raison de penser, vu l’efficacité de ces vaccins, qu’ils n’allaient pas protéger de la transmission. »
Mais ce n’est pas tout à fait le message véhiculé actuellement. « Cette information a été traduite non pas en : "Nous n’avons pas testé, donc nous n’avons pas de certitude", mais en : "Les vaccins ne protègent pas de la contamination, gardez vos masques". » Dommage, selon cette chercheuse, selon qui le message pourrait être plus rassurant…
Les vaccinés dix fois moins contagieux que les non vaccinés
D’autant qu’entre-temps, des études et des preuves se sont accumulées pour accréditer cette thèse. Moderna, après avoir soumis son dossier pour validation à la Food and Drug Administration (FDA), a entendu la critique du manque de données. « Quand ils ont fait venir les volontaires lors de la deuxième injection, ils les ont testés », raconte Sandrine Sarrazin. Résultat : sur 14.000 volontaires dans chacun des deux groupes, 13 personnes vaccinées étaient positives au test PCR, contre 34 dans le groupe placebo. « Il y avait donc des personnes infectées, mais 60 % de moins que sans vaccin », synthétise la chercheuse.
Maintenant que des millions de personnes sont vaccinées dans le monde, les études en vie réelle vont dans le même sens. En Israël, véritable pays " cobaye " pour Pfizer, on a vu les courbes d’incidence baisser à mesure que la vaccination progressait. Mais cette corrélation ne peut être brandie comme preuve, certains pouvant arguer que ce serait aussi l’effet du confinement.
En revanche, deux études viennent confirmer ce lien. L’une vient du Royaume-Uni : après deux injections de Pfizer, le risque de développer une infection pouvant être transmise est réduit de 86 %. Pour la deuxième étude, venue d'Israël, on est à 90 %. « Selon les dernières analyses, quand on est vacciné et qu’on s’infecte, on a seulement 10 % de risque de transmettre la maladie », insiste Sandrine Sarrazin. Une troisième étude, américaine cette fois, se montre encore plus rassurante. Sur 36.659 professionnels de santé (très exposés au virus) vaccinés entre décembre et février, seulement… 7 d’entre eux étaient positifs et asymptomatiques quinze jours après la deuxième dose.
Selon le vaccin… et les variants
Reste à compléter ces données encourageantes, notamment sur la durée de la protection individuelle et collective. Laquelle varie selon les vaccins. « Mais également selon le type de variant, complète Nathan Peiffer-Smadja. Ces données sont en cours de constitution et d’analyse, mais de nombreuses études en population générale retrouvent une diminution du risque d’infection asymptomatique entre 60 et 90 %. »
Et pour AstraZeneca ? « On manque de données, souligne Sandrine Sarrazin. Mais ce vaccin est efficace, il n’y a donc pas de raison de penser qu’il ne protège pas contre les infections. » D’autant qu’une étude britannique publiée fin avril dévoilait qu’après une seule dose, les personnes infectées ont entre 38 et 49 % moins de risque de contaminer une personne de leur foyer.
Les gestes barrières, encore et toujours
Au 5 mai, 16,7 millions de Français avaient reçu une première dose. D’où la tentation grandissante d’aller embrasser ses proches sans masque. Mais alors pourquoi, si la vaccination protège des contaminations même asymptomatiques, certains médecins répètent-ils que les gestes barrières doivent encore être respectés ? « Il faut absolument garder un niveau de protection maximal quinze jours après la première dose, c’est comme s’il n’y avait pas de protection immunitaire », justifie Nathan Peiffer-Smadja.
« Ensuite, le risque d’infection asymptomatique baisse significativement et celui de maladie symptomatique est très fortement réduit, reprend-elle. Cependant, à l’échelle d’une population où le virus circule beaucoup et où la majorité des gens ne sont pas encore vaccinés, il est nécessaire de garder les gestes barrières si on veut contrôler l’épidémie. La réponse sera très différente si on parvient à une circulation moindre du virus et à un fort pourcentage de gens vaccinés, comme c’est le cas au Royaume-Uni ou en Israël, où les mesures barrières commencent progressivement à se lever. » Un horizon proche en France ?